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13 janvier 2011 4 13 /01 /janvier /2011 08:17

Le tout et la partie

 

 

branche.jpg

 

"Every line means something." "Chaque ligne signifie quelque chose." Jean-Michel Basquiat


Ce qui fait la cohésion d'un dessin est assez subtil, c'est le rapport des parties à l'ensemble. On pourrait utiliser la métaphore du corps, d'une architecture ou encore de l'arbre. Si il y a de trop grands écarts entre les différentes parties et le tout, cela casse l'équilibre de l'ensemble. Un peu comme si un arbre était composé de différentes essences ou que ses différentes parties n'étaient pas jointes (le tronc au sol, les branches au tronc, et les feuilles aux branches. 

Ce qu'on cherche ce sont des liens entres tous ces éléments pour que la "sève" puisse circuler des racines aux feuilles et non pas une simple juxtaposition de fragments sans rapports. Le dessin est un artefact, mais une construction artificielle qui doit prendre vie. Picasso disait : "La peinture, ce n'est pas copier la nature, c'est travailler comme elle" et Paul Klee de préciser "l'art ne représente pas le visible, il rend visible".

Comment dépasser la copie pour créer un dessin qui ait sa propre organicité (une vie non empruntée mais autonome)? La simple addition de fragments ne suffit pas toujours à créer un tout harmonieux, il faut une vision d'ensemble qui donnera le ton, la "sève" entre le tout et la moindre de ses parties. 

 

Concrètement, si j'utilise des styles ou techniques trop contradictoires ou différents, cela peut nuire à l'unité de l'ensemble (surtout si c'est par défaut. Si cela est voulu, cela peut créer au contraire des effets intéressants. Mazzuchelli dans "Asterios Polyp" adopte différents styles pour exprimer son propos de façon nuancée et pertinente, logique que l'on trouve aussi chez Chris Ware). Ou bien si la maîtrise du trait, sa logique n'est pas la même sur l'ensemble des parties ou que des faiblesses graphiques se juxtaposent à des zones plus réussies (ou encore des problèmes de proportions dans certaines zones). Autrement dit, il faut tenir son dessin du début à la fin. Cela vient avec l'habitude.

 

Et c'est une étape assez désespérante que celle où l'on parvient à dessiner certaines choses ou parties (une table, une main) mais pas certaines autres (un visage, un pied), qu'on ne parvient pas à "greffer".

C'est aussi le point de départ de la quête de Giacometti et son désarroi face à une figure qu'il percevait à la fois de façon très proche et très lointaine ("La forme se défait, ce n'est plus que comme des grains qui bougent sur un vide noir et profond, la distance entre une aile du nez et l'autre est comme le Sahara, pas de limite, rien à fixer, tout échappe.").

 

Ce qui est important c'est de mettre en place une logique à laquelle on puisse se tenir. On pourrait parler aussi de style, de choix de tels outils ou techniques. A mon sens l'organicité du dessin (sa capacité à créer des "corps" dotés de vie) doit beaucoup à ce qui se passe entre le papier et la main : façon de tenir son outil, inclinaison, nature du papier (on peut penser à la graphie personnelle développée par chacun en écrivant). Quand on hésite au début, cela se perçoit dans la production dessinée, cela affecte l'harmonie entre les parties et le tout.

En apprenant à se connaître (graphiquement parlant mais aussi intellectuellement, esthétiquement), on développe un angle de vision, une façon de faire, une sensibilité. Un peu comme un comédien ou un chanteur travaille sa voix pour dépasser les couacs, les tons empruntés afin de trouver sa propre voix. Plus on a un univers intérieur (imaginaire) construit, plus cela se voit à l'extérieur.

Le débutant se cherche et désespère de se trouver. C'est un peu comme l'apprentissage de la conduite d'une voiture, on se demande comment on va pouvoir faire toutes ces choses en même temps. Puis on finit par les faire sans même y penser.

 

La problématique abordée ici prend toute son importance dans le travail de l'auteur de bande dessinée pour créer une case, une planche, une double page,  un récit (ensemble composé de parties) le tout mis en perspective. Idem pour l'écrivain, le peintre, le cinéaste, etc.

 

Le dessin doit devenir une seconde nature. Les problèmes de dissonances entre le tout et la partie sont alors réglés. Ce qui sort "sonne" juste. Le trait produit sa propre sève. Dessiner c'est créer une deuxième réalité, à partir de la première mais avec ses propres règles. D'où la difficulté. 

 

 

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11 janvier 2011 2 11 /01 /janvier /2011 18:04

 

 

 

On est en train de préparer l'exposition de sérigraphies avec l'atelier du gratin. Rendez-vous donc à la fin janvier au festival d'Angoulême. Faites tourner l'info.

 

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Affiche par Tony Nepos et Alexandre Clérisse.

 

 


L'atelier du gratin, (composés d'auteurs angoumoisins) présente une exposition collective de sérigraphies pendant le FIBD du 27 au 30 janvier 2011. 

Amis esthètes, soyez les bienvenus!
L'exposition "Luxe et beauté" est un hommage à la décadence, à l'abondance, aux jolies pépés et autres délicatesses. 

Mais ce sera aussi (comme l'expo café frappé l'an dernier) "the place to be" pour boire un coup, discuter, écouter de la musique, remuer son popotin (concerts dessinés et dj chaque soir pendant le festival) jusqu'à pas d'heure. 

Vernissage jeudi 27 janvier à 20h30, venez nombreux. 

Auteurs exposés :

. Thibault Balahy 
. Laurent Bourlaud
. Alexandre Clérisse
. Clémence Germain
. Vincent Gryère
. Andréas Marchal
. Antoine Perrot 
. Bertrand Poulain
. Benoît Preteseille

Quelques tirages sérigraphiés (affiches et port-folios) seront en vente sur place. Il n'y en aura pas pour tout le monde! A bientôt!

Le comité des jumelages se situe en face de la maison des auteurs.
Entrée gratuite.
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6 janvier 2011 4 06 /01 /janvier /2011 00:00

 

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Illustrations intérieures et couverture pour Expressions, janvier 2011.

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4 janvier 2011 2 04 /01 /janvier /2011 18:05
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2 janvier 2011 7 02 /01 /janvier /2011 00:10

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Première pierre pour un nouveau projet de bande dessinée avec Matthieu Pierloot au scénario. Bonne année à tous. Que 2011 ne soit pas pire que 2010.    

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1 janvier 2011 6 01 /01 /janvier /2011 00:17

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Beauté, créativité, inspiration pour 2011. Joie, bonne humeur et ondes positives. Que 2011 soit plus lumineuse que 2010.

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24 décembre 2010 5 24 /12 /décembre /2010 11:25

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Oui même dans le chaos, il y a toujours quelques poches de calme. Bonnes fêtes à tous.

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16 décembre 2010 4 16 /12 /décembre /2010 08:04

Plastique / graphique

 

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J'ai pu observé deux tendances parmi mes étudiants, à la longue, et je me dis que ça doit être un état de fait. Deux sensibilités qui semblent opposées mais qui peuvent être complémentaires, à savoir d'un côté ceux qui développent une sensibilité graphique et de l'autre une sensibilité plastique.

Le "graphique" va chercher à tracer, de façon assez nette la ligne et le trait. Il y a chez eux une volonté de clarté et de précision. Parfois jusqu'à la minutie ou l'obsession du contrôle. On pourrait évoquer dans ce registre un esprit ligne claire (Hergé), les dessins de Matisse, l'art de Paul Klee. Le graphique étant dans la logique du "graphein", de l'écrire (souvent noir sur blanc), il y a quelque chose de la mise en ordre, de la clarification, de l'affirmation. C'est le désir de montrer.

Le "Plastique" est plus dans l'idée de couvrir, recouvrir, animer une surface. Cela va souvent dans le sens du flou, du désordonné, de l'accident, de l'aléatoire, bref du lâcher-prise. D'un premier abord cela donne l'impression du désordre, de l'inachevé, du brouillon parfois même du sale (dans une vision négative de la plasticité, certains parlent de négligence, de pas fini). Les moyens sont la tache, les superpositions, mélanges. On pourrait citer des approches telles que celles de Pollock, Bonnard, Dubuffet. On est plus dans le désir d'évoquer.

Cela fait penser à la classification de Nietszche qui met en évidence deux tendances artistiques : l'Appolinien (divinité de la beauté et de la raison) et le Dyonisiaque (divinité de l'ivresse et de l'excès). La première étant celle qui recherche ordre, équilibre, mesure, menée par la raison. La seconde, guidée par le désordre, l'excès, le déséquilibre, l'émotion jusqu'à la déraison. Ce sont deux faces, deux possibles qui ne sont pas forcément incompatibles et qui de toute façon se complètent et font la richesse de l'expression humaine. 

Ce que je cherche à faire pour équilibrer ces deux pôles c'est de pousser les "graphiques" à apprendre à lâcher prise, accepter des accidents et pour les "plastiques" à apprendre à côntrôler, amener de la structure. Il est important, à un certain point, de connaître ces qualités et ses points faibles pour aborder le dessin. On peut ensuite les assumer, faire des défauts une qualité ou tenter de compléter ses manques. Je fais aussi cela car on pourrait dire qu'il y a une troisième voie où ces deux tendances s'équilibrent, deviennent une façon d'être libre du choix (en fonction du moment) de faire ou de défaire. 

Il est amusant de voir comment les opposés se repoussent : la plupart du temps et surtout pour le représentant les plus affirmés d'un de ces deux pôles, aller contre sa tendance devient un vrai frein. Il y a même de la répugnance, notamment chez le "graphique" à "salir" son dessin, la tache est perçue comme un défaut au même titre que le tremblement. Il y a refus des ratés (qui pourtant peuvent apporter sensibilité et émotion dans certains cas). Et chez les "plastiques", une sorte de refus de l'ordre "par principe", d'assécher ou d'épurer par peur qu'il ne reste plus rien ou qu'on n'enlève l'émotion ou l'énergie.

Il faut arriver à mettre de l'ordre dans le désordre (car même le chaos n'est pas sans organisation, logique) et mettre du désordre dans l'ordre pour l'animer, lui donner un côté humain. Si ces deux tendances sont cultivées par défaut plus que par choix conscient, on abouti à des dessins limités, sans énergie ou bien lourd. Que ce soit dans l'une ou l'autre voie, peu importe, il faut donner du sens à ses choix, aux techniques, aux intentions. Eviter le poncif, le gratuit, le manque de rigueur ou l'excès de labeur.

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15 décembre 2010 3 15 /12 /décembre /2010 00:00

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Autoportrait tamponné

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14 décembre 2010 2 14 /12 /décembre /2010 19:19

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Rachel Whiteread, House.


Voilà ce que donne un autre regard sur le plein et le vide, la forme et la contre forme en sculpture. Etonnant travail que celui de Rachel Whiteread.

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Bibliothèque.

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