THE HEADLESS MAN / Thibault Balahy
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Photo: Nicolas Gourseaud
Des images qui vivent dans la rue, c'est un bon destin pour une image...
Monotype de Vazemsky 2003.
Ce matin le facteur a été sympa, j'ai reçu une belle carte accompagnée d'un cadeau pour le fiston (merci beaucoup mes amis les fruits ;=). Et du boulot envoyé par Seb Cazes et son projet exquisite corpse sketchbook project (un cadavre exquis ambulant qui fera l'objet d'une expo en 2011). Je dois passer ensuite le relais à Jean marc Pau. Y a des matins c'est bien.
Méthodologie pour l’analyse de documents
Que ce soit pour une étude de cas, un projet d’arts appliqués ou bien pour l’analyse d’œuvre(s) en histoire de l’art,
le processus de questionnement et quasiment le même et peut faire appel aux mêmes méthodes. Il s’agit, à partir
d’une chose inconnue ou peu connue, de se former un jugement, un avis, bref de s’approprier cette chose par ce
qu’on connaît déjà et en apprenant à poser des (bonnes) questions. L’étymologie du mot analyse signifie d’ailleurs
la décomposition. Comme un enfant qui casse un jouet pour mieux en comprendre le fonctionnement interne,
il faut décortiquer différents paramètres, point par point. C’est cela qui permet de recomposer finalement une
vision plus globale d’une chose en dépassant la première impression, l’apparence pour en saisir l’essence et le
sens (sémantique : étude du sens). Il faut aussi être capable de synthèse, c’est-à-dire pouvoir faire le lien
entre des éléments différents en les regroupant par grand thèmes ou principes. Pouvoir aller du particulier
au général. Comme un enquêteur qui cherche des indices, des pistes à partir de fragments qu’il doit réassembler.
Cette méthode de travail est un bon moyen d’éviter de sécher et de ne pas pouvoir dire ou penser, bref bloquer
sur un sujet. Bien sûr, quand ce systématisme est intégré, le questionnement peut se faire de façon plus
intuitive et spontanée.
1- Dénotation et connotation
Toute chose qui existe, est appréhendée sur deux plans : celui le plus concret et le plus direct, évident
(existence matérielle). Puis celui moins visible mais pourtant tout autant important même s’il est impalpable,
le plan des idées (symboles, concepts, codes culturels, mémoire collective, inconscient collectif).
Il y a deux termes qui permettent de bien situer et distinguer ces plans : la dénotation (qui permet de décrire,
mesurer, quantifier, représenter…) et qui concerne l’objectif. Et la connotation (qui est tout ce qui entoure les choses,
leur signification, leur part symbolique, affective, culturelle…) et qui renvoie au subjectif.
Tout ce qui existe est un mélange d’objectif (matière) et de subjectif (idée). Dans l’analyse on part du plus
visible et évident (le dénoté) pour accéder au moins visible, au sens caché (le connoté).
Donc dans l’analyse, on commencera de préférence par aborder les éléments concrets (dimensions, techniques,
échelle, date, couleur, poids, matériau, contexte…) pour ensuite en déduire des éléments abstraits
(sens, interprétation, symbolique, parti pris, concept…).
Mais il ne faut pas séparer les deux plans de façon trop caricaturale : il y a du sens dans les aspects les plus
concrets, dans le choix des techniques, de la dimension, du contexte (intérieur ou extérieur, public ou privé…),
et il y a aussi des conséquences et des enjeux matériels dans telle ou telle conception ou idéologie,
c'est-à-dire des pensées (le nazisme par exemple qui pense la mort en terme de rentabilité
industrielle ou le consumérisme qui est une idéologie directement reliée au quantitatif et à l’incitation au désir).
Rien n’est le fruit du hasard. Même un objet ou une action fait de façon aléatoire signifie quelque chose.
On a tous une première réaction face à une nouvelle perception : j’aime, je n’aime pas. C’est beau,
c’est laid. C’est agréable, c’est agressif. Je connais, je ne connais pas. L’analyse sert à se demander
pourquoi et à argumenter une opinion, une vision du monde.
2- Domaines à questionner : technique, esthétique, sémantique (ou symbolique)
Ces 3 domaines pourraient être résumés par 3 questions :
comment c’est fait ? (matériaux, technique, dimension…). Dans l’analyse technique on peut aussi se
demander pour qui c’est fait ? Qui est l’utilisateur, le destinataire ? Comment on s’en sert (ergonomie,
attitude face à l’objet) ? Comment on perçoit (contexte, échelle, cadrage, point de vue...) ? Quel est
le degré de technicité (simple ou complexe) ? En quoi c’est fait ? C’est tout ce qui est plus ou moins
donné par le document mais qui doit déboucher sur des questions, des déductions (sinon on reste dans
le superficiel et le descriptif).
A quoi ça ressemble ? (forme, couleur, texture…). Dans le domaine plastique, esthétique, les choix ne
sont pas sans signification et débouche très vite sur un effet produit, un sens (ordre, désordre,
opacité ou transparence…). C’est aussi là où on voit des analogies formelles (ça fait penser à).
Pour mieux définir, comprendre ce qu’on ne connaît pas on le compare à ce qu’on connaît déjà est qui
est similaire (ex : « soucoupe volante » pour dire ovni). On ne peut partir que de ce qu’on connaît.
Qu’est-ce que ça signifie ? (symbolique, codes culturels, comportements, sens des choix et parti pris…).
Quel rapport à l’objet, à l’œuvre instaure son auteur ? Quel rapport au spectateur ? Pourquoi ? Cette
partie finale débouche sur des hypothèses pour conclure. Après le comment on se demande le pourquoi.
C’est à ce moment de l’analyse où on arrive à résumer un document ou un groupe de document par un
mot-clé, un thème un principe (ou un antagonisme du type montré/caché, opaque/transparent,
naturel/artificiel).
La pertinence et les choix à faire sur les zones à traiter et celles à délaisser sont une histoire de logique et
de bon sens. Il ne faut pas se noyer dans des particularités, il ne faut pas non plus aller directement au
général c’est-à-dire à la conclusion. Il faut trouver un juste milieu entre indices relevées, argumentations et
déductions. Il faut rendre sa réflexion communicante et fluide (en terme de lecture). Le garde-fou pour
savoir si on ne s’éloigne pas trop dans des détails peu pertinents est de suivre le fil conducteur du sujet
(qui donne souvent une problématique, un thème, bref une question). Est-ce que ce que je traite est lié ou
pas au sujet. La bonne analyse est celle qui répond à la question traitée, même si c’est en
reformulant d’autres questions.
3-L’ouverture
Quand l’analyse est terminée, qu’on s’est questionné sur les aspects techniques, esthétiques et
symboliques, on est alors en mesure de proposer une synthèse qui rappelle les notions importantes
en jeu dans les documents. Il ne faut pas redire ce qui a été déjà dit mais formuler une interprétation
plus générale. On parle de conclusion (conclure : fermer, terminer) mais il s’agit plus d’ouvrir la réflexion
qui a été menée et son thème vers d’autres domaines. Cela montre qu’on est capable de relier des
éléments divers par leur similitude. On met en jeu toutes ses connaissances (culture générale, média, pub,
télé, internet, informations…) pour dépasser le seul domaine étudié. (ex : Si on a étudié et analysé la
transparence dans le vêtement et l’image on doit pouvoir évoquer la transparence dans l’architecture
avec le verre et pourquoi pas dans la politique). Bref, on élargit le débat, même s’il faut savoir ne pas
trop extrapoler : il faut se donner un fil conducteur. Si j’aborde la transparence sur le thème du caché,
du tabou, ça me permet de faire des liens entre le vêtement qui montre et qui cache et un bâtiment.
Je peux alors faire des analogies sur la séduction ou sur l’idée de n’avoir rien à cacher. Par opposition,
on pourrait se dire que ce qui n’est pas transparent crée un mystère, cache un secret.
On parlait de glasnost (transparence) dans les pays communistes parce que le gouvernement
cherchait un contrôle absolu sur ce qui se passait. Sans aller aussi loin on peut évoquer l
a légèreté, l’immatérialité comme un désir d’échapper au poids de la matière
(siège de Kuramata « how high the moon »).
Deux images posées sur le papier avant de participer aux 24 h de la bd...
Dessiner c'est bien souvent être son propre voyant, tant certaines images apparaissent dans l'esprit et le frappent avant d'atterrir sur le papier. Bien sûr, il y a des déformations ou des surprises, des choses qu'on n'attendait pas. Tant mieux. Mais dessiner, pour moi, c'est un peu comme fouiller dans la matière pour tenter d'approcher au mieux de son intuition ou de cette image mentale idéale qu'on aimerait tant traduire le plus fidèlement possible, sans trop la trahir. Dessiner ce n'est que ça : essayer, rater, re-essayer.
Rien n'est le fruit du hasard, aucun de nos actes n'est gratuit, tout peut servir et d'ailleurs tout sert et à un sens. A nous de mettre de l'ordre dans ces flux qui traversent notre esprit et nous disent qui nous seront. J'ai parfois l'impression qu'on a eu une vision globale d'une chose qu'on essaie de re-dire par à-coups. Réminiscence dirait Platon...
Par exemple, je trouve assez hallucinant que quelque part, dans la deuxième vignette (à droite) tout le récit de "la boîte" est contenu. D'ailleurs, je voulais que cette image soit au début et à la fin. Consciemment pour évoquer un cycle sans fin, inconsciemment peut-être pour dire l'importance de cette image initiale.
D'où viennent les idées? Si on le savait on le dirait. J'aime bien l'idée de David Lynch qui compare tout ça au fait de pêcher des poissons. Les idées passent et on les attrape. Hop! Certains diront que l'inspiration n'existe pas sinon le travail. Je suis partagé, à mon sens il faut beaucoup de travail pour mettre à jour un état de disponibilité, de concentration où les idées nous traversent (sans quoi elles glissent). Et ça les amis, ça ne s'apprend pas. Il faut beaucoup d'effort pour retrouver une spontanéité naturelle au-delà de l'effort.
C'est, je pense, la différence entre les mauvais, bons et les très bons dessinateurs. Soit on nage en surface (pataugeant dans le poncif ou les clichés) soit on peut plonger plus profond et on trouve qui on est. La technique n'est pas la clé pour différencier les talents et n'est pas une explication suffisante pour le talent. C'est un moyen, pas une fin.
Parce que j'aimerais bien que mon petit vive dans une vraie démocratie. A votre bon coeur. Merci pour lui.
Un vieux dessin...
Il faut que les grands mais aussi les "petits" s'expriment sur ce qui se passe en France, que ce soit par le biais de la manifestation du 4 septembre ou à tout autre moment, entre amis, sur internet et à tous les niveaux de la vie pour ne pas laisser croire (à ceux qui n'attendent que ça) que nous aussi nous avons perdu notre humanité et notre solidarité. On s'adresse à la part la plus vile de chacun en espérant que le plus grand nombre s'identifiera à ce petit homme égoïste, haineux, arrogant ou craintif (si facile à manipuler) pour casser les liens qui faisaient la société. Refusons en bloc cette anti humanité qu'on nous propose.
Il appartient à tous et à chacun de réagir avant qu'il ne soit trop tard. Bonne rentrée à tous.
Mes premiers carnets n'étaient pas du dessin d'observation, c'était une manière pour moi d'explorer un monde plus intérieur et plus abstrait. Je ne dessinais jamais d'observation du reste, et toujours de mémoire ou d'imagination.
C'était aussi un moyen de faire du Land art d'intérieur (héhé). A l'époque je faisais des études à la fac sur le paysage.
Par manque de place j'ai délaissé les grands formats et depuis je suis très attachés à mes "petits carnets", modestes en dimension mais l'univers entier peut y entrer...
Mon obsession des têtes doit dater de cette époque...