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18 septembre 2012 2 18 /09 /septembre /2012 16:32

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Scotch, fusain, collage sur papier.

 

Nouvelle façon de tâtonner. Un peu comme avec photoshop, on peut revenir en arrière, modifier, jouer des effets de calques, dupliquer, déplacer. Le dessin devient mouvant, multiple.

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11 septembre 2012 2 11 /09 /septembre /2012 21:48

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Et ouais, ça pousse vite ces choses...

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13 août 2012 1 13 /08 /août /2012 16:55

 

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"L'instant passé ne revient pas. Le temps doit être bien utilisé et il ne l'est vraiment que lorsqu'il est consacré à rechercher : Qui suis-je ?"
Ma Ananda Moyi

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13 août 2012 1 13 /08 /août /2012 00:16

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"Il n' y a qu'une seule expérience. Que sont donc les expériences du monde sinon celles qui reposent sur le faux "moi"?Demandez aux hommes qui ont connu les plus grandes réussites en ce bas monde, s'ils connaissent leur Soi? Ils vous diront que non. Que peut-on connaître si l'on ne connaît pas le Soi?

Ramana Maharshi

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25 juillet 2012 3 25 /07 /juillet /2012 13:51

La matière du trait

 

trait.jpg

 

Il est une chose subtile et en même temps très concrète qui fait la qualité d'un dessin c'est la matérialité de son trait. Que ce soit par un outil spécifique (une plume, un pinceau, un feutre rotring) et par un geste (sec, fluide, ample ou petit). La manière dont la trace est déposée sur le papier est en même temps la signature d'un auteur, d'un style, d'une façon de faire et de voir : épaisseur, finesse, fluidité ou brutalité.

L'idée d'un dessin n'est pas encore le dessin lui-même (dans son incarnation). Il y a un exemple bien précis qui peut le faire comprendre. Chez certains aspirants au dessin de bande dessinée, il y a un passage délicat et parfois ingrat à ce qu'on appelle l'encrage. Le souci pour quelques uns c'est d'avoir de beaux crayonnés (vifs, spontanés, enlevés) mais qui perdent toute leur saveur au moment d'être encré. La difficulté et de ne pas figer un dessin, son trait, l'esprit initial. Il m'arrive encore de faire des esquisses de planche avec un résultat plus réussi dans le brouillon que dans sa mise au propre. C'est pourquoi j'essaie d'être le plus direct possible, parfois même en encrant directement pour ne pas qu'il y ai de perte.

Ensuite, dans la physionomie du trait (qui est quelque part comme l'enregistrement d'un sismographe), il y a des aspérités, accidents, pleins et déliés qui donne chair au dessin. L'amateur de dessin dans son appétit de lecture se nourrit de cette matière graphique et reconnait un auteur à ses petits. Il la trouve à la longue même dans tout ce qui l'entoure : logo, mise en page, photographie, cinéma, cavités dans le sol, textures d'un mur, rythmes d'une architecture, typographies. Tout est graphique, tout est écriture. L'apprenti dessinateur doit petit à petit se forger un goût, un sens du graphique pour voir dans le l'ensemble et le détail ce qui peut créer une matière graphique intéressante. Cela se fait par le point, la ligne, la surface, l'interaction des trois. C'est une histoire de densité puis de vide, de rythme. On entre ici dans la musique du dessin et comme le musicien il faut avoir l'oreille musicale, sinon l'oeil graphique.

De là un autre défi pour le dessinateur de bande dessinée c'est d'arriver à faire coexister, à harmoniser son dessin à son écriture (oui, la bd c'est du rapport texte - image). Et il est malheureux de voir de beaux dessins gachés par un mauvais choix de typographie par exemple.

IL FAUT NOURRIR L'OEIL ET L'ESPRIT DU SPECTATEUR.

Pour finir un petit exercice d'observation. Reconnaissez vous les auteurs des extraits ci-dessus?

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24 juillet 2012 2 24 /07 /juillet /2012 13:59

De L'image au signe

 

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Tête des Cyclades, vers 2700-2300 av JC.

 

 

 


Il y a bien des nuances dans la référence au réel, de la plus complète à la plus épurée, de la plus directe à la plus éloignée. En tant que dessinateur, il faut apprendre à distinguer dans tous ces possibles car il s'agit là d'une palette, d'un clavier sur lequel il faut savoir se repérer.


S'il y a une échelle qu'elle est-elle?

Partons du plus immédiat : le visible. La réalité dans toute sa complexité (couleurs, formes, textures, lumières, mouvements...). C'est ce que l'art Antique et Classique a essayer de capter à travers la notion de mimésis (ressemblance) par une image la plus complète et la plus fidèle possible d'une chose. On pourrait parler aussi de réalisme, même si ce terme n'est pas suffisant puisqu'il contient lui aussi toutes sortes de nuances (réalisme idéalisé de l'art grec ou réalisme plus brutal et ingrat tel que dans l'art Romain du portrait sculpté ou chez Courbet, ou bien encore l'hyperréalisme). 

 

Pour simplifier, on pourrait dire de l'image qu'elle contient le maximum d'informations qui la relie à son référent (couleurs, formes, textures, lumières, mouvements...). Disons qu'on y trouve près de 100 % de ce qui la compose. On pourrait penser au travail graphique d'Ernest Pignon Ernest par exemple.

 

A l'opposé, il y a le signe qui lui, contrairement à l'image, fait l'économie des détails pour ne garder que l'essentiel. La seule limité étant la lisibilité et la possibilité d'identifier le référent. Et on s'aperçoit qu'il en faut très peu pour qu'on puisse "lire" une figure. Peut-être 10 ou 5 % des informations pourraient suffire. Les têtes des Cyclades en sont un bel exemple, tout autant que les graffitis sur les murs. On n'a gardé que quelques détails mais pas n'importe lesquels : les caractéristiques saillants, distinctifs d'une réalité (la forme ovale de la tête, la ligne du nez). Comme pour l'étonnante Tête de taureau de Picasso qui se compose juste d'une selle et d'un guidon de vélo qui font l'analogie avec les cornes et la forme globale du crâne. On est aussi dans le domaine du pictogramme et de la signalétique qui vise une lecture rapide et universelle.

 

Maintenant que l'on a ces deux pôles, que trouve-t-on dans la partie médiane?

Ce serait une image teintée de signe, ou pour caricaturer, une représentation qui tournerait autour de la restitution de 50% de la réalité. Avant que les cubistes ne s'en emparent et qu'ils radicalisent son travail, Cézanne a cherché à synthétiser cette fameuse complexité du réel, à la simplifier. Il prônait le recours aux formes géométriques fondamentales, sa leçon est celle-ci : "Traitez la nature par le cylindre, la sphère, le cône, le tout mis en perspective." La figuration synthétique, stylisée, simplifiée peut être considérée comme un entre-deux (entre image et signe). De même que l'esquisse ou le brouillon, qui sont des images incomplètes, en devenir ou simplement des images qui se veulent rapides. La pochade étant l'équivalent peint de ceux-ci (une esquisse réalisée en couleur, avec évocation globale et succincte d'un objet, de son volume, de son éclairage). On pourrait aussi mettre dans cet entre-deux les dessins inachevés (je pense aux très beaux dessins de Schiele en prison où certaines zones plus travaillées se dégagent d'un ensemble simplement esquissé). Concilier figuration et présence des textures, gestes, matières contribue aussi à être dans cet entre-deux (hachurage de Giacometti, frottage de Max Ernst...).

Généralement dans un dessin, on part d'une mise en place presque informe, "jetée" (une carcasse, un squelette)  qu'on vient progressivement habiller, corriger, compléter. La finalisation étant le dessin, l'image. Ainsi le signe, ou l'esquisse, finissent par disparaître sous l'image et sa richesse de détails.

Mais on peut aussi aborder le dessin dans l'autre sens et chercher à dépouiller, enlever, ne retenir que le signe. Je pense à Keith Haring, Basquiat, Paul Klee...

Autre possibilités, on peut jongler entre signe et image au sein d'un même travail. C'est ce que fait entres autres Edmond Baudouin de façon très élégante et habile. On sent chez lui, malgré un univers plutôt réaliste et figuratif, un élan vers l'essentiel et l'abstrait. Ces accents "signes" venant pour ponctuer, rythmer, accompagner la narration.

 

 

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Page de La diagonale des jours, correspondance par Edmond Baudoin et Tanguy Daholleau (Ed. Apogée, 1995)

 

Voilà de multiples manière de dessiner. Dessiner ne va pas de soi, dessiner ne doit pas être automatiquement représenter, mais représenter qui, quoi, comment et pourquoi. On a trop été habitué à bien dessiner, à s'appliquer, à faire dans le ressemblant (critère du bon ou du mauvais dessin) sans se demander l'intérêt de cette action. De là un autre défaut : la tendance a toujours déployer la même quantité d'énergie dans un dessin quel que soit la demande ou le contexte. Il n'est pas toujours indispensable de rendre compte de 100% d'une réalité. Il faut aussi savoir faire une vraie esquisse (ce qui tend à disparaître chez certains, omnibulés par un rendu léché et parfait : rough de design automobile, manga, illustration, dessin animé...). Alors qu'une esquisse réussie vaut tous les dessins. Il est faux de croire que le simple est simpliste ou facile à faire. Il demande autant de travail et de réflexion que le complexe. Il faudrait savoir adapter son dessin au moment, puisque qu'à chaque seconde, (ni le monde ni soi) rien n'est identique.

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16 juillet 2012 1 16 /07 /juillet /2012 00:37

 

detail

Exercices de contraintes / apprendre à désapprendre


Exercices à faire pour se libérer des habitudes, tics graphiques, pour expérimenter des façons plus brutes et plus expressives de dessiner, comme un enfant, sans idée pré-établie de ce qu'il faut faire ou ne pas faire. Le but n'étant pas de faire de "beaux" dessins (quoi que) mais d'expérimenter une spontanéité et une liberté de geste qui permet de renouveler son approche du dessin.

L'idéal étant, après coup, de pouvoir "reproduire"" cette liberté dans son dessin, sans avoir à reproduire pour autant les contraintes. Cette fameuse liberté qui est très dure à retrouver tant on est conditionné par tout ce qu'on apprend (qui est parfois un bien mais aussi parfois un mal, une manière de faire que nous n'arrivons plus à contourner). Ce genre d'exercice se transforme assez vite en un joyeux bazar, mais il est bon parfois de se rappeler la part de jeu propre au dessin et la présence du corps dans son entier.

Il est conseillé pour tirer pleinement profit de ces exercices de ne pas faire de dessin de mémoire ou de fantaisie (lieu même de tous les défauts et tics, recettes) mais plutôt de dessiner par l'observation d'une base réelle, face à vous (une personne, un objet, mobilier...).

Seul :

- dessiner à l'aveugle, les yeux fermés (après avoir regardé un modèle). Le trait subit des décalages, une perte des repères.

- observer attentivement un modèle, l'occulter, puis le dessiner de la façon la plus détaillée (un bon travail pour la mémoire visuelle).

- dessiner avec la main gauche pour les droitiers et avec la droite pour les gauchers (un classqiue).

- dessiner sans relever le crayon ou le feutre, le trait devenant une ligne unique, sinueuse et entremêlée (un autre classique aussi).

- dessiner avec un outil peu adapté (trop gros ou trop petit). Intégrer l'accident ou la gêne occasionnée.

- fabriquer son outil (par détournement : utiliser par exemple une éponge, une petite voiture...) ou bricoler un calam (avec du bambou, un tube de plastique creux...).

- accrocher une feuille assez en hauteur pour devoir sauter pour l'atteindre.

- dessiner au sol en suspendant un feutre ou un pinceau au bout d'un fil.

- accrocher sa feuille sous la table et dessiner à tâton sans pouvoir contrôler son trait.

 

A deux :

- l'un dessine les yeux fermés, l'autre décrit ce qu'il doit dessiner (mais sans nommer les parties, matières, mais en restant assez vague : qualités formelles, de texture. "C'est dur, c'est mou, c'est petit, fin...).

- l'un dessine les yeux fermés, l'autre le guide dans l'espace de la feuille (droite, gauche, haut, bas, en diagonale, stop...).

- l'un dessine les yeux fermés et l'autre le fait dessiner en guidant sa main. Le dessinateur se laisse mener et rentre dans la logique de l'autre (on peut aussi faire cet exercice en ouvrant les yeux ou bien "l'aveugle" peut résister en une sorte de bras de fer).

- l'un dessine, l'autre fait bouger son support.

- l'un dessine et l'autre le bouscule, le mettant dans un sentiment d'urgence et d'insécurité.

- dessiner simultanément les deux parties symétriques d'un objet (ou un visage par exemple), celui qui est à gauche fait la partie gauche et celui à droite, la droite. On peut accentuer les différences en utilisant chacun un outil / couleur différent.

- dessiner en occupant l'espace d'un support de façon harmonieuse, en occupant les vides laissés par l'autre.

- dessiner en se disputant le territoire de la feuille : superposition, occultation, recouvrement.

 

A plusieurs :

 

- Chacun pose sa feuille devant lui et face à un  modèle. Chacun a un outil différent, une couleur différente. En tournant relativement vite, on dessine chaque fois un fragment de ce que l'on voit, continuer la "ronde" jusqu'à ce que chacun ait un dessin fini sur sa feuille.

- Constituer deux groupes qui dessinent la même chose. Chaque groupe s'échange ce qui a été produit et chacun corrige (avec une autre couleur) le dessin récupéré.

- d'autres idées que j'oublient ou que vous inventerez.

 

Conclusion :

 

Ici, pas de bons ou de mauvais dessinateurs, on reprend tout à zéro. Pour avoir expérimenté plusieurs fois ces exercices, le plus difficile est de retrouver cette fraîcheur dans les productions contrôlées qui suivent. On a tendance à retomber dans les mêmes ornières. Donc il faut s'évertuer de temps en temps à apprendre à désapprendre (comme le dit si bien la pensée Zen). Ce genre d'exercices peut décomplexer certains et désorienter d'autres. De même que les séances de nu révèlent parfois des blocages chez certains "bons" dessinateurs et des révélations chez des soi-disants "mauvais". Et oui, il est dur (mais aussi jubilatoire) de représenter ce qui est face à soi, en présence. Et de ne pas oublier de se représenter dans le même geste.

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28 juin 2012 4 28 /06 /juin /2012 12:16

 

 

Dessiner ou illustrer


J'aimerai faire une distinction entre ce qui relève à mes yeux du dessin et ce qui relève de l'illustration. Peut-être parce qu'il me semble qu'il y a une confusion entre les deux chez certains et que ces deux activités distinctes conditionnent des approches  assez différentes de l'acte de dessiner. C'est aussi quelque part une façon pour le dessinateur de se demander pourquoi il dessine, pour qui et comment. De quelle nature est l'écart entre ces deux, comment l'un se détermine par rapport à l'autre, pourquoi on dessine plutôt qu'on illustre et inversement? 

 

Du point de vue de l'activité physique ce sont deux mêmes choses (mêmes gestes, mêmes outils, mêmes supports), par contre du point de vue de l'activité intérieure, et du sens produit ce sont deux choses assez différentes. A mes yeux le dessin est premier et l'illustration en est une excroissance, une application particulière qui peut devenir une activité à part entière, avec ses propres codes. Le dessin peut ne viser que lui-même (dessiner par pur plaisir, sans raison particulière) quand l'illustration dépend d'une demande extérieure à soi, une commande et d'un contenu pré-existant à imager (historiquement : les images créées pour illustrer, accompagner le texte d'un livre). Dans ce cas l'image n'est pas première mais plutôt l'écrit, que l'image vient appuyer, compléter pour joindre le dire et le montrer.

 

On pourrait dire de l'illustration qu'elle est du dessin utilitaire, un dessin appliqué, encadré par un cahier des charges. Là où le dessin seul peut se permettre d'être abstrait, muet, inutile, hermétique, laid... l'illustration a la nécessité d'être lisible, accessible, de véhiculer un sens ou un message et de plaire. C'est pour moi la frontière entre deux territoires : celui d'un terrain libre, expérimental, introspectif, subjectif, et d'un terrain occupé, préoccupé par une attente, une fonction à remplir, un service à rendre (imagerie publicitaire, distractive, décorative, narrative). L'illustration raconte une histoire, comme le cinéma grand public raconte une histoire. On est dans une forme d'entertainment et de culture mainstream (pour utiliser des termes "in"). Je distingue les deux non pas pour dévaluer l'illustration mais bien parce que, comme au cinéma, il y a une confusion où les gros arbres (films de studios) cachent la forêt (du cinéma d'auteur) et que certains aimeraient imposer l'un au détriment de l'autre. Il est juste de constater que ce ne sont pas les mêmes arbres et pas les mêmes fruits. Et que l'un ne doit pas empêcher l'autre d'exister.

 

Pour certains puristes, il y aurait un côté péjoratif dans l'illustré qui glisserait dans de l'anecdotique, du séduisant, jusqu'à parfois du "putassier". Avec une connotation vulgaire sans doute associée au fait qu'il y a eu une séparation élitiste dans notre culture entre l'écrit et l'image (celles-ci permettant depuis longtemps d'instruire les foules analphabètes, comme dans les versions illustrées de la Bible ou dans les représentations religieuses de l'art Roman et Gothique). L'image étant plus accessible que l'écrit, celle-ci est devenue un moyen apprécié par la publicité, la propagande, la culture populaire, pour façonner et diriger les comportements et le goût, d'où son côté "pop". Ce qui, d'ailleurs, vaut sans doute à la bande dessinée des remises en question régulières sur sa légitimité à être un art. Et ce qui explique qu'on aura plus de facilité à accepter un dessin contemporain non narratif dans la sphère de l'Art contemporain. Le dessin comme art, le dessin non "alimentaire" (ce qui dans l'Absolu est discutable étant donné le rapport au mécénat, aux subventions, aux galeries, on peut se demander si l'art dans son entier n'est pas devenu "alimentaire") et l'illustration du côté d'un savoir-faire, d'un mêtier. 

 

Au delà de la question de l'Art, on voit tout de même une différence entre dessin autonome et dessin au service de (dans lequel on pourrait regrouper illustration, dessin technique, plan d'architecture, illustration scientifique, dessin de presse, jeu vidéo, story board...). Une des différences est très souvent le rapport au temps : pas mal d'images sont crées comme des biens de consommations immédiats avec une durée de vie assez limitée. Et le rapport à soi : on ne demande pas forcément à l'illustration d'exprimer l'être qui se cache derrière et toute sa complexité.

 

Ceci étant dit, l'art appliqué peut s'élever au rang d'art s'il est fait avec inspiration et profondeur. Les gravure de Gustave Doré, les estampes d'Hirohige ou Hokusai, Arthur Rackham, Aubrey Beardsley, Bruno Paul, Alfred Kubin ont marqués ce dessin de genre. Et pas mal de grands artistes se sont prêtés aussi au jeu de la commande et de l'illustration. 

Et-ce qu'un dessin vaut pour lui-même ou dépend d'autre chose pour avoir un sens, un intérêt? Est-il oeuvre ou ouvrage? Comment trouver la délimitation entre les deux? On peut aussi aborder une illustration avec l'esprit du dessin dans tout ce qu'il a de prospectif, expérimental, libre. Bien souvent il faut arriver à imposer sa vision, sa différence pour casser l'image d'épinal de ce qui ferait (ou pas) une bonne illustration. Et on entend dire que certains commanditaires voire le grand public ont mauvais goût. Faut-il s'abaisser à une idée préconçue que l'on se fait d'un attendu, d'un public, lectorat potentiel ou faut-il bouger les habitudes? Le goût est une chose changeante, par définition, et on ne sait jamais parfaitement ce qui plaira ou déplaira. Donc le mieux c'est d'être soi-même. Stanley Kubrick, dans son domaine, étant l'exemple parfait d'une harmonie entre exigence, liberté, puissance et en même temps accessibilité à un grand public. Un bon projet est celui qui répond et dépasse la demande d'un client et où on a pu s'approprier ce travail comme s'il avait été motivé par soi-même. On peut donc faire une illustration avec les qualités du dessin libre mais ce n'est pas toujours le cas. 

 

Il me semble qu'il faut éviter un stylisme trop codifié, figé, qui même s'il répond au goût d'un public et d'une époque, risque de mal vieillir. Au final, on perçoit souvent dans une production ce qui l'a motivé : goût de plaire, facilité, impersonnalité ou bien honnêteté, sincérité, profondeur. C'est pourquoi certains dessinateurs sont au-delà des genres, du dessin ou de l'illustration et d'autres se contentent d'un truc qui marche. 

 

J'essaie de ne pas limiter un étudiant dans une façon de voir le dessin (commerciale ou expérimentale) pour lui permettre de choisir quelle sera sa voie. Et malheureusement de nos jours les jeunes gens cherchent trop souvent ce qui brille et donne l'impression de la réussite, pour imiter ce qui marche. Certains s'empressent de singer des codes extérieurs, ont des cultes exclusifs qui occultent tout le reste. Je pense surtout au Manga comme agent polluant (surtout parce qu'imité à travers des clichés ou des productions bas de gammes) mais ça peut être aussi l'heroic fantasy ou les super héros.  Alors qu'au moment de l'apprentissage il faudrait ouvrir toutes les portes et les fenêtres et être curieux de tout (de l'underground à l'art bourgeois). C'est pourquoi, plus qu'un savoir-faire, il faut mettre en place un questionnement en action. Une approche la plus libre possible du dessin. La dépendance du dessin à la nécessité de manger viendra bien assez tôt. Je sais qu'après il est plus difficile de s'accorder ce temps de recherche et d'expérimentation quand on travaille. Et il y a assez de publicitaires aigries et frustrés dans les agences qui après avoir usé leur jeunesse sur des projets parfois aussi stériles que lucratifs, rêvent d'une pratique d'artiste, une vraie.

 

Même si l'époque manque parfois de profondeur nous ne sommes pas obligé de lui ressembler. Ce qui nous plaît, on l'oublie. Ce qui nous marque nous accompagne. 

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22 juin 2012 5 22 /06 /juin /2012 11:38

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13 juin 2012 3 13 /06 /juin /2012 18:38

 

Dessiner c'est lutter

 

« Qu’est-ce que dessiner ? C’est l’action de se frayer un passage à travers un mur de fer invisible qui se trouve entre ce qu’on sent et ce que l’on peut » Van Gogh

 

J'ai présenté quelques extraits de mes réflexions sur le dessin à Frédéric Pajak, de façon assez fortuite ce qui a donné lieu à un échange intéressant sur ce que signifie dessiner. Je sentais qu'on partageait certains points de vue mais qu'en même temps on ne les formulait pas de la même façon ce qui créait des sortes de malentendus. Dans mon effort de clarification et de communication de ce que je perçois moi-même du dessin (et dans ma propre pratique et dans celle de mes étudiants), j'ai perçu une méfiance de sa part sur un langage vaguement universitaire et l'usage de telles ou telles références. C'est bien probable que je n'ai pas une rigueur suffisante pour m'exprimer sur ce sujet mais j'essaie quand même. Après tout, tout individu (même le plus érudit ou rigoureux) n'est pas à une contradiction prêt. L'addition des pensées finissant quand même par créer une sorte de tout intelligible. Et qu'il ne faut pas chercher à avoir raison et devoir faire face à des points de vues antagonistes.

On parlait à la fois du plaisir de l'acte mais aussi de la souffrance qui l'entraînait, voire qui le précédait (voire son origine même). Il insistait plusieurs fois sur une forme d'intranquilité liée au dessin, une dimension presque tragique (si j'ai bien compris ce qu'il essayait à ce moment de me dire), de l'ordre de la blessure.

Et c'est vrai, puisque dessiner est une quête dont le véritable but ne sera jamais vraiment atteint (dans la mesure où on cherche vraiment quelque chose qui se refuse à nous). Dessiner c'est se condamner à être plus ou moins déçu par le fruit de nos recherches. Sinon pourquoi continuer ainsi une vie durant? Comme le dirait Beckett : "mal-vu, mal-dit. L'art est un jeu de dupe où on tente de nommer l'innommable, cerner le sans-forme. Et faire de cette impossibilité son art touche à l'absurde et au tragique de notre condition. C'est une quête sans fin comme l'a bien exprimé aussi Giacometti dans ses réflexions.

Et dans la même temps, trouver (un style, une manière, une forme) n'est-ce pas aussi une punition? Dessiner est très lié au désir. Mais en même temps également à ce qui renvoie au noyau dur de l'être. A la solitude essentielle de toute individu et son besoin d'expression, voire parfois même de cri : Je suis. Je suis là. Je perçois (et la perception elle-même devient parfois une souffrance : voir et être vu). Il n'y a pas de dessin sans regardeur, même si cela se limite à ce premier témoin : soi-même. Et je sais par expérience que le dessin non éclairé par le regard d'autrui crée pas mal de souffrance chez son auteur (ntamment de la frustration). Une oeuvre graphique a besoin d'être vue pour exister.

Et la médiatisation de sa production ne règle pas forcément le problème, y compris les compliments. Il faut toujours continuer à chercher sans quoi on meurt de son immobilité. Donc on pourrait parler du dessinateur comme d'un voyageur intranquille ou sans repos. 

Cette passion, comme une croix portée s'accompagne heureusement d'une jubilation. Sinon je pense que personne ne supporterait cette tension. Et même chez les esprits les plus pessimistes on voit clairement ce plaisir. C'est ce que je remarque chez Bacon par exemple, malgré la crudité et la noirceur de son propos, je vois la joie de peindre, manifeste, rendue visible. Même dans un monde sans Dieu et dans "l'être-viande" il n'y a pas rien : il y a au moins cette joie qui mène sur une forme de beauté.

 

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