THE HEADLESS MAN / Thibault Balahy
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Redbone approche de sa fin, voici la page 86. C'est un détournement, certains l'auront identifié. Le prétexte pour rendre hommage à certains comics américains et transformer notre groupe d'Indiens en héros de papier. Je me suis amusé à ponctuer le récit de 10 clins d'oeil qui remontent les époques. Un moyen comme un autre pour créer un rapport au temps. Bel été à vous et à bientôt. (Je retourne à la table à dessin).
(Notes réflexives après avoir fini une grosse partie du livre, soit 7 chapitres sur 10).
Falaises abordait la question du manque, la question du suicide, comment tenir debout après le pire et comment se reconstruire. Il y avait aussi en creux l'éclatement de la famille, le rapport au père et à la mère, fantôme obsédant. Enfin il y avait l'Art, l'écriture, comme un frêle esquif pour traverser la tempête. Et aussi l'amour, l'amour d'une femme et d'une enfant. Pour réapprendre à vivre. J'avais fait des choix, avec Loic Dauvillier, pour retranscrire cette âpreté, en miroir aussi de l'écriture aiguisée d'Olivier Adam. Un graphisme jeté sans fioritures pour dire la crise, une forme d'urgence.
Ici le projet est de nature très différente. Soit l'histoire vraie d'un groupe de rock composé d'Amérindiens natives, qui ont côtoyé la gloire dans les années 70 puis sont retombés dans l'oubli dans une Amérique peu encline à entendre son message identitaire et contestataire. J'avais déjà travaillé sur la base de personnes réelles mais sur un ton fictif (Dawson, le nord c'est pas fait pour les chiens, l'histoire rêvée d'un voyage qui rapproche père et fils par Wilfried Hildebrandt - qui a d'ailleurs par la suite accompli son rêve du Grand nord avec son père. La réalité rejoignant la fiction! ). La différence avec redbone c'est au delà de la musique (encore elle, souvent présente d'une manière ou d'une autre) la retranscription de l'histoire Indienne avec sa tragédie. Il me fallait trouver de la noblesse et de la dignité pour respecter ce peuple et sa souffrance (toujours actuelle). J'ai donc poussé le réalisme plus loin que dans Falaises et (c'est mon impression) travaillé un dessin plus dense, moins convulsif et spontané. J'ai beaucoup appris et me suis surpris à approcher d'une forme de classicisme, parfois.
L'autre aspect c'est le va et vient passé présent qui structure tout le récit. J'avais abordé cela dans falaises avec un code chromatique différencié. Ici, j'ai opté pour un vieux papier jauni pour connoter le passé et une bichromie noir/jaune sur fond blanc pour le présent. M'est venue l'idée de faire des fausses couvertures de comics américains pour retracer les différentes époques du groupe. Une manière subliminale aussi de faire de ces indiens des héros modernes populaires (car ils ont servis de repère et de modèle à toute une génération de jeune natives). Ce jeu de détournement qui ne m'était pas familier m'a amusé et m'a permis d'aborder mon propre dessin différemment.
J'ai été amené à faire des cases (ce que je ne fais plus vraiment), dessiner de la typo à la main... Jouer avec des codes connus par un large public, sortir d'une écriture peut être austère pour certains. Et sans trop m'en rendre compte, les outils ont changés au fil du récit : de la plume, au lavis, de la trame puis un frottage d'encre sèche (et je ne sais pas ce que la suite me réservera). J'ai cherché les façons qui me semblaient les plus appropriées pour créer un climat particulier. Comme le découpage et l'écriture de mes acolytes (Christian Staebler au scénario, Sonia Paoloni aux dialogues) sont clairs, classiques, lisibles, j'ai ajouté un degré d'abstraction par le dessin pour "animer" cette histoire, lui prêter vie. Car si la difficulté première de Falaises tenait dans l'adaptation d'une oeuvre existante, le respect de son climat, pour Redbone le défi est plutôt de rendre cette histoire vraie crédible, touchante et communicante. Christian m'a facilité le travail de documentation (historique et photos de "familles" des membres du groupe). J'étais déjà sensible, bien sûr, à cette culture (marqué profondément par une lecture adolescente : "Pieds nus sur la terre sacrée" éditions Plon). Et petit à petit, je me suis attaché à ces visages, ces histoires. Et j'ai été peiné d'apprendre la mort de Dennis Banks (cofondateur de l'AIM, mouvement pour les droits Indiens) alors même que je le dessinais. Certains membres du groupes sont déjà mort, d'autres plus ou moins en bonne forme. Et je sens une responsabilité de mémoire pour raconter dignement le récit de vie de personnes dignes, belles, hautes en couleur.
L'histoire de ce peuple nous concerne tous, de même que ce qui s'est passé en Grèce, ou que ce qui se passe en méditerrannée. Nous sommes tous frères. Et ceux qui pensent le contraire ou qui ironisent se préparent un monde bien sordide. La résistance de ces indiens, qui perdure aujourd'hui (pour garder le lien à la terre, à leur culture, à une existence digne comme l'accès à l'eau courante) est une leçon de courage. Aimons-les, respectons-les. C'est peut-être eux qui avaient raison et toute la culture occidentale qui a tort.
Voici ma contribution au fanzine EEEEEE. Merci à Gabriel Delmas.
"Regarde", dessin au tampon typographique.
Avec dedans :
Johnny Ufo
Gabriel Delmas
Antoine-Toussaint Casanova
Emmanuelle Pidoux
Marie Vermont
Jennifer Rijl
Tristan Pernet
Julien Griffaud
Alkbazz
David Richard
Bryan Beast
Horti Bayeul
Justine Arbel
Nils Bertho
Ann Blake
Stephane Sautenet
Marie Blanchandin
Colette Stephens
Thibault Balahy
Audrey Fury
Jonus
Tanx
EEEEEE-Phantasticum Press 2018
Back of the zine....lots of good stuffs....
32 pages ~ 14,8x21 ~ B&W ~ 7€
Purchase --> MP ou ovenorgazm@gmail.com
EEEEEE-Graphzine 666666 #3
Published by Phantasticum Press 2018
Vous retrouverez mon hommage à Tarkovsky, les informations sur les mises à prix, ainsi que les nombreuses autres oeuvres (Adrien Demont, Guillaume Guerse, Aude Picault, Liberatore...) sur le catalogue de l'exposition Arte Nell'arte organisée par la gallérie Huberty & Breyne. C'est sur ce lien.
Si vous êtes intéressé par mon hommage à Andrei Tarkovsky (quelques détails ici d'un grand format de 45x90 cm format paysage, l'original sera disponible aux ventes et enchères Huberty & Breyne (vente 9 juin 14h à Bruxelles).
Paris
Mercredi 30 mai de 11h à 20h
Cocktail à partir de 18h
Jeudi 31 mai de 11h à 19h
La Salle
20 rue Drouot
75009 Paris – FRANCE
Bruxelles
Jeudi 7 juin de 11h à 21h
Cocktail à partir de 18h
Vendredi 8 juin de 11h à 19h
Samedi 9 juin de 10h30 à 12h
Huberty & Breyne Gallery
8A rue Bodenbroek
1000 Bruxelles – BELGIQUE